Suite au récent conseil communautaire au cours duquel les élus ont actés les tarifs 2024 de la redevance des déchets, questions à Bruno Minutiello, président de la Communauté de Communes :
Pourquoi, dès le mois d’octobre, voter les tarifs des déchets de l’année prochaine ?
Bruno Minutiello : les collectivités territoriales ont l’obligation de voter annuellement les tarifs. Pour la Communauté de Communes, depuis quelques années déjà, les tarifs étaient votés à la toute dernière limite, c’est-à-dire lors du dernier conseil communautaire de l’année, en décembre. J’ai toujours estimé que ce délai était trop court pour avoir le temps d’informer sérieusement nos concitoyens et nombre d’entre eux, notamment lors des Labos de l’Interco, m’ont interpellé dans ce sens. C’était donc un engagement de ma part de les proposer au vote bien plus tôt dans l’année. Et j’aimerais que l’année prochaine les tarifs soient votés dès septembre.
Comment s’est construit le budget pour l’année 2024 ?
Il faut avoir bien présent à l’esprit que, pour les collectivités, certains budgets sont indépendants les uns des autres. Des cloisons parfaitement étanches empêchent de ponctionner des budgets au profit d’autres. C’est notamment le cas pour les budgets de la Propreté et de l’Assainissement. La seule façon de voter un budget à l’équilibre est donc d’évaluer l’ensemble des coûts à venir pour 2024 – et partout des hausses voient le jour – et de diviser par le nombre de foyers qui vont contribuer au financement, via la redevance incitative. Nous n’avons pas le choix, c’est une obligation légale.
Le nombre de foyers étant globalement stable sur notre territoire et les coûts augmentant de façon généralisée, le montant de la redevance devrait logiquement augmenter pour les foyers en 2024 ?
Non ! Plusieurs points à préciser ici. Déjà, nous constations depuis plus de deux ans un nombre important de foyers qui ne participaient pas à l’effort collectif. Il s’agissait de foyers produisant des déchets et qui s’en débarrassaient de façon sauvage, notamment au pied des bornes enterrées à Lunéville. Je rappelle que l’adhésion au service est obligatoire. Tout habitant du territoire doit être référencé et participer équitablement au financement du service.
Je rappelle qu’un citoyen qui effectue des dépôts sauvages nous coûte cher à plus d’un titre : une première fois à la commune qui a la responsabilité de la collecte et du traitement des dépôts sauvages, une deuxième fois à l’intercommunalité qui se voit priver d’une source de contribution financière via la redevance et une troisième fois pour le citoyen lui-même sur qui pèse le risque d’une amende relativement salée lorsqu’il sera retrouvé.
J’ai donc engagé une série d’actions pour retrouver toutes celles et ceux qui pensaient pouvoir se substituer à l’effort collectif. Plus de 1000 foyers ont déjà été rattrapés. Et cela produit son effet : plus le nombre de foyers s’acquittent de la redevance et moins son montant est important pour tous.
L’ autre point important est la maîtrise des coûts. Partout et tout le temps, nous mettons un point d’honneur à contenir autant que faire se peut toute flambée des coûts. C’est la raison pour laquelle nous avons réussi à engager, dès 2024, des tarifs à la baisse pour les foyers les plus vertueux, c’est-à-dire ceux d’entre nous qui réussissent à baisser leur nombre de levées en étant vigilants dès la source, en triant leurs déchets, en compostant et en utilisant nos déchetteries. Aujourd’hui, près de 2500 foyers ont réussi à passer sous la barre des 8 levées. Je les félicite parce qu’ils nous montrent que c’est possible.
Dans le contexte actuel, comment contenir les coûts généraux pour parer à des hausses futures ?
La première responsabilité est celle de la collectivité, qui négocie avec ses prestataires. Nous sommes fermes pour garantir une qualité du service à un coût raisonnable. Nous privilégions également le retraitement des déchets en local afin de contenir les coûts de transport qui alourdissent le budget.
La deuxième responsabilité se place dans les mains des habitants. Là aussi, les exemples et les marges de progression sont heureusement nombreux. En déchetterie par exemple, le coût de traitement d’une benne de tout-venant coûte horriblement cher. Au lieu d’y jeter ma vieille chaise, je sépare le métal du bois. J’alimente donc deux flux, celui du métal et celui du bois, qui rapportent de l’argent puisque ces matières nous sont rachetées. En triant le verre, je limite fortement le poids des ordures ménagères à traiter. Pour les déchets verts, une benne qui contient du plastique ou des déchets non-conformes est refusée par le prestataire et renvoyée, parcourt une distance importante et se trouve, au final, incinérée à coût majoré pour la collectivité.
Et les tarifs pour 2024 ?
Nous avons voulu appliquer un bonus pour les foyers les plus vertueux et un malus pour celles et ceux qui ont décidé de ne pas faire d’efforts. Sur un forfait de base de douze levées, il en coûtera ainsi 9 € de moins pour les bacs de 120 litres et 9,90 € de moins pour un bac de 240 litres. Ainsi, malgré un contexte de hausse généralisée des coûts, dans tous les domaines de la vie quotidienne de nos concitoyens, j’ai tenu à encourager celles et ceux qui participent à l’effort. Nous devons continuer !